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Son mariage


Le mariage de l'Empereur avec Marie-Louise avait été célébré le 1er avril 1810 et avait eu un grand impact dans tout le pays. A cette occasion, Napoléon avait décidé marquer cet heureux événement (qui symbolisait aussi la réconciliation franco-autrichienne) par des actes de bienveillance et de générosité (amnistie, remises de peines et de dettes…). Il voulut aussi récompenser 6000 militaires en retraite, anciens compagnons de ses victoires, en les mariant à des filles de leur pays (choisies par délibération du Conseil Municipal et approbation du Préfet) et en les dotant (de la coquette somme de 600 Francs pour la province).
Il avait donc été décidé que ces militaires se marieraient trois semaines après l'Empereur, soit à partir du dimanche 22 avril. 45 militaires ont été mariés à cette occasion dans les Côtes-du-Nord (Côtes d'Armor actuellement), dont 9 dans l'arrondissement de Loudéac, dont dépend Merdrignac.

François, militaire pensionné de 23 ans, fit partie de ces anciens soldats choisis, et son mariage avec Rose Ollive POTIER, cultivatrice de 22 ans, fut célébré à Merdrignac le 25 avril 1810, en présence des parents des époux, de Monsieur ONFRAY juge de paix, président du canton et parrain de l'époux, et de Pierre CHERIAUX, cousin germain de l'épouse. Il est à noter que seule la première publication des bans avait eu lieu. Par manque de temps on avait accordé une dispense pour les deux autres publications.
A cette occasion, il est possible que des réjouissances spéciales aient eu lieu : salve d'artillerie, discours du préfet, élévation d'un mât de cocagne, parade ? Je l'ignore, mais il est à parier que les circonstances spéciales de ce mariage en ont fait une journée spéciale dans le bourg de Merdrignac !

De ce mariage sont nés 10 enfants, dont 6 sont malheureusement morts dans l'enfance : c'est beaucoup, mais au début du XIXème siècle, c'était encore souvent le cas, surtout si les naissances étaient rapprochées. Ainsi sont nés :
1) Joseph Alixe,
mort le 25/05/1811 à 3 mois,
2) Marie Françoise Rose,
morte le 09/03/1818 à 2 ans,
3) Rosalie, née en juin 1818 à Merdrignac,
4) François Marie, né le 20/01/1820 à Merdrignac,
5) Constance, née le 28/12/1822 à Merdrignac,
morte en 1825,
6) Jean Marie François, né le 04/11/1823 à Merdrignac,
mort en 1825,
7) Félicité, jumelle de Jean Marie née le 04/11/1823 à Merdrignac,
morte à 15 jours de vie,
8) Mélanie Françoise, née le 12/03/1825 à Merdrignac,
morte en 1828,
9) François Jean Marie, le 11/06/1828 à Merdrignac,
10) Marie Adèle, née le 03/07/1829 à Merdrignac.

Veuf, François se remarie avec Marie BOINEL ou BOINET. De ce mariage on connaît seulement deux filles :
1) Marie Françoise Mathurine, née le 27 décembre 1843 à Merdrignac, quincaillière (pour une fille de marchand de fer, c'est logique…) mariée en 1864 à Merdrignac avec Alexandre MEHEUST, dont on ne connaît qu'un fils, Alexandre, mort à 3 ans,
2) Eléonore Adrienne, née le 13 mars 1846 à Merdrignac.


La médaille de Sainte-Hélène


Le testament de l'Empereur, rédigé sur l'île de Sainte-Hélène en 1821, était très généreux envers ses anciens soldats : en effet il léguait son domaine privé (qu'il avait lui-même estimé à deux cent millions de Francs) pour moitié à ses anciens grognards encore vivants et ayant combattu avec lui entre 1792 et 1815, pour moitié aux villes et campagnes de certaines provinces de l'Est du pays qui auraient eu à souffrir de l'une ou l'autre des invasions et guerres.
Une ordonnance de Louis XVIII le privant de ses biens au profit du Trésor, cette donation de l'Empereur ne put avoir lieu mais fit grand bruit auprès des soldats, dont bon nombre, estropiés sur les champs de bataille, avaient sombré dans la misère et auraient eu bien besoin de ce secours.

En 1857, soit 36 ans après la mort de son oncle, Napoléon III pour honorer à sa façon sa mémoire prit un décret instituant une distinction destinée à récompenser et honorer tous ces anciens soldats : la médaille de Sainte-Hélène était née.


Cette médaille mesurait 33 millimètres et était de bronze, soutenue par un ruban vert rayé verticalement de rouge.

Sur l'avers figurait le profil de Napoléon ; et sur l'envers étaient gravés ces mots : « Campagnes de 1792 à 1815, à ses compagnons de gloire sa dernière pensée, Sainte Hélène, 5 mai 1821 »

Ordre fut donné aux préfets de recenser les soldats de Napoléon encore vivants et pouvant prétendre à cette médaille, et de procéder à la remise officielle.

C'est ainsi que François Amaury CHERIAUX, alors âgé de 70 ans, fit un jour le trajet de Saint-Brieuc pour voir épingler sur sa poitrine cette médaille, et recevoir le diplôme l'accompagnant, lors d'une émouvante cérémonie à la préfecture. Par delà le temps, l'Empereur honorait ses chers et fidèles soldats.


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