Le milieu du XVIIIème siècle : le temps des inondations et des disettes



Nous avons oublié aujourd'hui combien les productions agricoles pouvaient être variables jadis : une sécheresse prolongée, un froid tardif, des inondations inhabituelles pouvaient provoquer de véritables crises de production, avec flambée des prix. Les disettes n'étaient pas rares en Touraine, jusqu'au milieu du XVIIIème siècle. Il nous reste quelques témoignages, extraits de registres paroissiaux ou de journaux personnels.


Registre paroissial de Chaumussay

"Le 21 juin 1732 arriva linondation la plus remarquable qui soit arrivée, il y avait plus de 100 ans en voici la preuve : elle a entouré le jardain, le logis de la cure de la sorte qu'elle passait par la porte du jardain de M le Curé et se joignait à la porte de la boulangerie avait la ? qui fit venir du côté du jour. Dans la cuisine il y avait près de 20 pouces d'eau et devant la cuisine plus de 6 pieds ce qui ne s'estoit pas vu que l'on sache. Il me suis outhé de remarquer que les ponts de Barrou d'humeau de Chaumussay de béné furent emportés."


Registre paroissial du Grand Pressigny (St Gervais)

"En 1737, il y a eu quantité d'orages qui ont ravagés une partie du royaume, il a tombé à Saint Quantin et ailleurs de la grêle faisant plus de deux livres, les chevrons des maisons en ont esté rompus."

"En cette années 1738, les orages ont désolé tout le pays. Le bled au mois de may a vallu trois livres dix huit sols."

"En cette année 1740, les brouillards ont totalement gâté les bleds, au mois d'octobre il y eut de fortes gelées qui perdirent le raisin dans les vignes, ce qui fit du très mauvais vin, aux mois de décembre et janvier suivant les pluies continuelles enflèrent extraordinairement toutes les rivières, celle de Creuse hanfla de trente pieds, elle emporta une partie des maisons du fauxbourg Saint Jacques de la Haye, elle fit pareil domage à la petite Guerche de l'autre côté de la rivière.
Le 17 janvier 1741."

"En cette année 1751, le vingt juillet la grêle très grosse et la pluye des plus abondantes a fait un fort considérable tort dans cette paroisse et les terres voisines, les terres ont esté emportées jusques au port, si le mur du bas jardin nust pas fondu par l'abondance des eaux qui venaient du côté de la Malgache les maisons de la basse rue en sont estées emportées."


Registre paroissial du Grand Pressigny (St Martin d'Etableau)

"Remarquez que cette année 1739 le froment a valu trois livres douze sols le boisseau et que la famine et la disette étaient grandes, que les hommes disputaient une nourriture avec les bestes et jusqua manger les trognons de chou.
Le 7 janvier 1740,
H Delamotte, curé."

"La nuit du 5 au 6 décembre de cette année 1740 la Creuse a tellement débordé quelle a passé sur les deux bouts du pont de la Haye, dont elle a emporté les parapets de deux arches de chaque bout, et cette rivière d'Egronne est venue jusqu'au bord du renferme de cette cure et les eaux ont esté si hautes et si rapides qu'elles ont fait écrouler quarante corps de logis à la Haye et les murs du couvent des rives dont le pont a esté couvert de plus de six pieds de haut.


Cette même année au mois de décembre il a esté rendu un arrêt par le parlement de Paris pour taxer tout le monde pour la subsistance des pauvres pour l'année 1741.
Delamotte, curé et bachelier de Sorbonne."


Registre paroissial de La Haye Descartes

"Orage extraordinaire:
La nuit du dimanche 14 au lundy 15 mars 1751 il sevu un orage et vent furieux qui a enlevé la thuille et lardoise de majeure partie des maisons, abattu des cheminées, des charpentes des maisons, arraché en quantité extraordinaire des arbres et des plus gros, enlevé des cloches et jetté par terre et fait se submerger la Vienne et la Loire, nombre de batteaux chargés de bled et vin. Les anciens prétendent que cette tempeste a esté plus violente que celle de 1710 qui a esté regardée avec estonnement. Les aromailles (?) de la Rochelle ont annoncé que l'on trouvait sur le rivage de la mer quantité de corps noyés et de débris de vaisseaux. La Haye qui se trouve entre deux montagnes en a esté quitte pour quelques thuilles et cheminées abattues et des pierres arrachées. Le dommage a esté plus considérable à prendre en la communauté de la Chapelle St Jacques et de la descente et remontance de la Loire."


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